Blindt Roger (1915 – 1975)
Maréchal des logis, 4ème Escadron, 1er Peloton. Chef de char Hotchkiss

Roger Blindt - 18ème Régiment de Dragons
Roger Blindt (1er à droite) spécialiste mécanicien des auto-mitrailleuses au 18ème Régiment de Dragons. Camp de Suippes, 1937

Roger Blindt est présent au 4ème Escadron du 2 Cuir en 1940. Il fait partie du peloton du Lt Constantin (notamment avec Graffeuil et Vignal). Il participe donc à la reconnaissance du village de Crehen dans l’après-midi du 12 mai où il contribue à l’évacuation de 2 rescapés du peloton Geneste. Extrait du rapport du Lt Constantin (via Erik Barbanson) :

Deux blessés : le chef Magniant et le conducteur Barbet courvert de sang et paraissant souffrir sont soignés par des civils; nous les plaçons dans un side-car récupéré sur la chaussée par le MDL Blindt. Nous reprenons le chemin de Thisnes emmenant nos blessés que nous avons eu la satisfaction de voir évacuer sur la France.

Le peloton reçoit son baptême du feu à Thisnes en début de soirée.

Roger Blindt participe à tous les combats du peloton Constantin. Il sabote son char à Bray Dunes avant d’embarquer sur le Cerons et débarque à Cherbourg. Au moment de l’armistice de juin 40, Roger Blindt et la 3ème DLM se trouvent à Javerlhac.

Mon père, sitôt la prise d’armes terminée, a rejoint une ferme au lieu-dit Bois-Bernard en demandant l’hospitalité tout en offrant son aide pour les travaux quotidiens. Ma mère se trouvait à ce moment-là à Reims, donc en zone occupée, et elle a pu rejoindre mon père en passant la ligne de démarcation à La Petitie, tout près d’Angoulême. Ils y ont passé environ un an et c’est alors que mon père a appris que l’on recrutait dans l’armée coloniale pour aller en Indochine. Il s’est donc ré-engagé et ma mère est retournée à Reims.
Il nous est arrivé à plusieurs reprises de passer quelques jours de vacances à Bois-Bernard, auprès de la famille Pélissier avec laquelle mes parents étaient restés amis.

Le carnet militaire de Roger Blindt nous apprend certaines grandes étapes de son parcours :

  • démobilisé le 19 octobre 1940
  • réengagé le 11 mars 1941 dans les troupes coloniales pour aller en Indochine
  • retour d’Indochine le 15 décembre 1945, après 29 jours en mer sur le paquebot “Pasteur
  • période CFC du 18 décembre 1945 au 17 avril 1946
  • du 22 septembre 1946 au 31 août 1948 : occupation en Allemagne, à Ravensburg
  • du 11 octobre 1948 (après 24 jours de mer) au 20 novembre 1949 : Afrique Occidentale Française, à Bangui
  • retour en France par avion le 22 novembre, puis période CFC jusqu’au 23 janvier 1950
  • du 1er décembre 1951 au 7 mai 1955 : occupation en Allemagne, à Wittlich
  • jusqu’en avril 1958, séjurne à Wittlich en régime “coopération”

Roger Blindt - guerre d'Indochine
1946. De retour d’Indochine

Le 9 mars 1945 à 20 heures, les Japonais passent à l’attaque sur tout le territoire indochinois, prenant par surprise les troupes françaises. Celles-ci, coupées de la métropole depuis septembre 1941, ne disposent plus que de 55 000 hommes (dont 15 000 Européens), équipés d’un armement démodé et sont fatiguées par leur isolement. Ces troupes françaises, mal équipées et moins nombreuses que leurs assaillants, vont opposer une résistance farouche mais désespérée.
De nombreux Français ont alors été massacrés. Mon père a eu la chance de ne pas avoir été blessé, mais il a été fait prisonnier, et interné dans un camp très dur, dans lequel les prisonniers pour se nourrir devaient attraper 10 mouches pour avoir droit à une banane cuite. Quand le camp a été libéré par les Anglais, il y avait foule pour faire partie du peloton d’exécution qui devait fusiller le commandant japonais du camp, et mon père en faisait partie mais il n’a pas eu cet “honneur”.
Quand mon père est rentré d’Indochine, il était méconnaissable, suite aux mauvais traitements qu’il a subis. Il était très amaigri, comparable aux rescapés des camps de concentration.


Du 1er août 1959 au 3 juillet 1962 Roger Blindt prend part à la guerre d’Algérie à Béni-Ounif, Sahara, en tant qu’Adjudant-Chef au sein de la 12ème Compagnie Saharienne du Matériel. Il fait l’objet d’une citation.

Roger Blindt - 2ème Régiment de Cuirassiers - guerre d'Algérie
En Algérie vers la fin de la carrière militaire
Roger Blindt - guerre d'Algérie - citation
Citation du 10 juin 1962

Roger Blindt décède le 10 avril 1975 des suites d’une congestion cérébrale.


Remerciements à Jean-Pierre Blindt, fils de Roger, pour son témoignage et le partage de ces documents permettant la mise à l’honneur de ce valeureux combattant.