Jacquinot de Presle Louis Martial (1913 – 1940)
Lieutenant, 1er Escadron, 2ème Peloton. Chef de peloton, chef de char Somua 56 / 10738. Equipiers : Louis Haret, Bernard Doudeau
Citation
9 juin 1940. Signé : Weygand
“Chef de peloton d’une rare bravoure. Le 13 mai 1940, chargé de défendre la lisière Sud-Est d’un village, a subi une violente préparation d’artillerie et d’aviation, puis le choc de nombreux chars allemands. A résisté avec tenacité, causant à l’ennemi de lourdes pertes. Complètement entouré, a continué à se battre sur place avec une énergie farouche, sans penser à se replier”.
Mort au combat
Des circonstances plus détaillées sur le combat du peloton de Presle figurent sur la page de Henri Tribout. S’agissant du cas précis du lieutenant nous mentionnerons d’une part quelques lignes du rapport Janssen :
“Arrivés au P.C., il y trouvèrent le P.C. allemand protégé par les 47mm anti-chars que nos artilleurs avaient abandonnés ainsi que leur camion plein de munitions. Nos 2 chars ouvrirent le feu sur le P.C. et les 47 y répondirent aussitôt; un de leurs obus traversa le char du S/Lt entre le conducteur et le radio. Il se produisit aussitôt à l’intérieur une chaleur intense de métal en fusion. Le S/Lt de Presle sortit par la tourelle et fut mitraillé alors qu’il se roulait dans l’herbe pour étouffer les flammes qui l’entouraient.”
D’autre part, nous présentons quelques lignes extraites d’un courrier écrit par le père du Lieutenant à l’attention de Marcel Janssen (sous-officier de peloton du lieutenant).
“Mais dans le cas spécial du 13 mai, il est douloureux de penser que le mauvais fonctionnement de la radio de vos chars, l’affolement de l’agent de liaison du 2ème peloton qui a montré l’Est quand on lui a demandé vers quel point s’était dirigé le peloton, alors que vous aviez contre-attaqué à l’Ouest, a fait que vos derniers chars n’aient pas été touchés par l’ordre de retraite. Le repliement de l’escadron a du se produire quelques minutes après votre contre-attaque”
A la lumière de ces documents on peut donc avoir une idée assez précise de la séquence du combat ayant coûté la vie au Lr de Presle :
- le peloton de Presle défend le flanc Est du village de Merdorp
- des problèmes concernant la radio des chars sont signalés et compliquent les communications
- les artilleurs français abandonnent leurs canons anti-chars de 47mm et leurs munitions… (fait dramatique rapporté dans le rapport Janssen mais également dans le journal de guerre de Maurice Pellissier…)
- les chars de De Presle et Tribout font mouvement vers le centre du village afin de rejoindre le poste de commandement du capitaine de Beaufort. Ce faisant, il font mouvement vers l’Ouest
- le capitaine de Beaufort rejoint l’emplacement initial du peloton de Presle afin de transmettre un ordre de repli. Le Lt de Presle n’est plus à cet endroit…
- Un agent de liaison est intérrogé et désigne l’Est comme point où doit se trouver le char du lieutenant de Presle alors qu’il a fait mouvement vers l’Ouest…
- Le char du Lt de Presle arrive a proximité du poste de commandement français mais y est accueilli par les canons anti-chars français qui ont été récupérés par les allemands. Un de ces obus traverse le Somua du lieutenant et provoque un incendie dans le char
- Le lieutenant, sorti précipitamment par la tourelle, est abattu alors qu’il se roule dans l’herbe afin de tenter d’éteindre les flammes présentes sur ses vêtements
Merdorp, famille Pirson
Extrait d’un courrier du maréchal des logis Marcel Janssen
“J’ai été avec un de mes cousins faire un pélerinage à Merdorp et Hannut. On m’a réservé partout un accueil des plus chaleureux. A Merdorp, j’ai déjeuné chez Pirson, le fermier où nous avions cantonné du 11 au 13 mai. Ils ont gardé un souvenir émouvant du lieutenant de Presle, dont ils ont conservé religieusement une photo d’identité qu’il leur avait remise. Ils s’occupent eux-mêmes, avec un soin maternel, de sa tombe qui ne défleuri pas de l’année“.
Témoignage
Souvenir du cuirassier d’Erceville, conducteur de char du peloton :
“Le lieutenant, il était gonflé, gonflé ; il disait : on regarde, on fonce, on bouscule, on revient ! “
Cherveix-Cubas
Remerciements aux époux Ravet-Belin, originaires de Merdorp. Vifs remerciements également à Marguerite Janssen, fille de Marcel